La communauté du renseignement et le chien de garde ont entretenu des relations difficiles en 2022
Des documents récemment publiés indiquent que la relation de la communauté du renseignement avec son principal chien de garde a été particulièrement tendue au cours de la dernière année en raison d’un « niveau de résistance » à l’examen.
L’évaluation apparaît dans des documents d’information préparés pour le plus haut fonctionnaire du Canada avant une réunion fin janvier avec le président de l’Agence de surveillance de la sécurité nationale et du renseignement.
Les notes ont été divulguées à La Presse canadienne en réponse à une demande adressée au Bureau du Conseil privé en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Ce n’est que la dernière indication de graves tensions entre le chien de garde des espions et les agences de renseignement fédérales qu’il surveille.
Cela fait suite à la récente publication de documents de l’agence d’examen du renseignement qui déploraient une culture au sein du Centre de la sécurité des télécommunications de « résistance et d’entrave » à l’examen indépendant, frustrant les efforts pour s’assurer que le service de cyberespionnage respecte la loi.
Les dernières notes font surface au milieu d’une enquête de la GRC sur des fuites d’informations classifiées vers les médias – y compris des détails sur des rapports du Service canadien du renseignement de sécurité – concernant des allégations d’ingérence étrangère de la Chine dans les affaires politiques canadiennes.
En janvier, la conseillère à la sécurité nationale Jody Thomas a envoyé une note de service à la greffière du Conseil privé Janice Charette pour l’informer avant une réunion avec le président de l’agence d’examen du renseignement, connue sous le nom de NSIRA.
« Le président considère qu’il reste un niveau de résistance aux activités d’examen de l’OSSNR et pourrait demander votre soutien pour élever la culture d’examen au sein des ministères et organismes du gouvernement du Canada », indique la note de service.
Créé en 2019, le NSIRA est un organisme indépendant, relevant du Parlement, qui examine toutes les activités fédérales de sécurité nationale et de renseignement pour s’assurer qu’elles sont légales, raisonnables et nécessaires. Il enquête également sur les plaintes du public concernant les agences et activités de sécurité nationale.
Les documents de référence accompagnant la note de Thomas indiquent que les relations de l’agence d’examen avec de nombreuses organisations « ont été difficiles ».
Les facteurs contributifs ont inclus la nécessité pour les ministères de s’adapter aux nouvelles exigences d’examen sans ressources supplémentaires, ainsi que l’interprétation large de l’OSSNR de son mandat et les approches qu’il a adoptées, selon les documents.
Ils ajoutent que la présidente Marie Deschamps, une ancienne juge de la Cour suprême, avait récemment rencontré Thomas et reconnu que l’adaptation aux nouvelles pratiques d’examen prend du temps et que « la culture de l’examen s’améliore » au sein de la communauté de la sécurité et du renseignement.
Une préface aux « points de discussion » suggérés pour Charette, alors qu’elle se préparait à rencontrer Deschamps, notait que les ministres et les députés avaient « été surpris par les sujets soulevés et le niveau de détail discuté par la présidente lors des discussions bilatérales ».
Charette a été avisé de dire à Deschamps que le Bureau du Conseil privé et toute la communauté de la sécurité et du renseignement reconnaissaient l’importance d’un examen externe indépendant.
« Je suis conscient que, du point de vue de la communauté, les relations du Ministère avec l’OSSNR ont été particulièrement tendues au cours de la dernière année », lisaient les points de discussion suggérés.
« Je peux vous assurer que ces difficultés relationnelles ne sont pas, et à mon avis ne devraient jamais être, un mépris de l’importance de la fonction d’examen de l’OSSNR. Nous ne pouvons pas avoir une culture de résistance ou de réticence à répondre aux exigences d’examen. »
Les notes citent également le désir du Bureau du Conseil privé que toutes les parties s’engagent à un « plus haut niveau d’engagement au niveau de la haute direction » pour aborder les questions stratégiques et faire progresser les relations.
« Cela comprend la consolidation des communications entre l’OSSNRS et le BCP, qui dispose d’une équipe dédiée à la coordination entre tous les ministères sur les questions horizontales et stratégiques qui surviennent lors des examens. »
Les notes indiquent que la communauté du renseignement a fait des progrès pour s’assurer que l’organisme d’examen a accès aux fonds d’information du ministère. Dans certains cas, cela a inclus la création d’enclaves informatiques autonomes dans lesquelles les analystes des agences d’examen peuvent travailler, ou la possibilité d’exercices de validation sur site avec le personnel des deux organisations présentes.
« Les ministères publient maintenant des réponses à toutes les recommandations du NSIRA, et le BCP surveille et fait rapport sur l’état de la mise en œuvre des recommandations. »
Interrogée sur les notes, l’agence d’examen du renseignement a déclaré qu’elle continuait de dialoguer avec les membres de la communauté de la sécurité « pour assurer une réactivité appropriée et un accès aux documents pertinents nécessaires à notre travail ».
Les détails sur les progrès et les préoccupations restantes seront discutés dans le prochain rapport annuel de l’agence d’examen.
Pierre-Alain Bujold, un porte-parole du BCP, a déclaré que l’agence centrale se félicite de l’examen des activités de sécurité « et comprend que la responsabilité et la transparence dans l’exécution de ces activités renforcent la confiance du public ».
Il a noté que le dernier budget fédéral alloue 53 millions de dollars aux ministères et organismes ayant des mandats de sécurité et de renseignement, affirmant que cela les aidera à remplir leurs obligations de se conformer aux exigences d’examen législatives en temps opportun et de mettre en œuvre les recommandations.
« Tous les Canadiens bénéficieront en fin de compte d’une responsabilisation et d’une transparence accrues des activités de sécurité nationale et de renseignement », a déclaré Bujold.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 5 juin 2023.