La CAQ promet des baisses d’impôt pour les Québécois dans un contexte d’inflation
Si l’inflation fait mal au portefeuille des Québécois ordinaires, elle a fait le contraire pour le gouvernement provincial qui a vu son déficit prévu diminuer de plusieurs milliards de dollars, selon un rapport publié lundi en prévision de la campagne électorale d’automne.
Les prévisions financières du gouvernement sont « plausibles » malgré l’incertitude économique mondiale qui menace d’assombrir le tableau rose, a déclaré la vérificatrice générale Guylaine Leclerc, qui a été chargée d’examiner le rapport financier préélectoral du ministre des Finances du Québec.
L’inflation, a déclaré Mme Leclerc, « a beaucoup à voir » avec le remplissage des coffres de l’État, grâce à l’augmentation des recettes fiscales provenant des salaires et de la taxe de vente.
« Au niveau de l’année (fiscale) 2022-23, au niveau comptable, nous prévoyons un surplus », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Québec.
Le rapport du ministre des Finances, Éric Girard, également publié lundi, montre que le Québec terminera l’année financière en cours avec un excédent de fonctionnement de 1,7 milliard de dollars — le gouvernement avait prévu un déficit d’environ 3 milliards de dollars dans le budget de mars. Cependant, la loi québécoise stipule que certains paiements doivent être effectués pour réduire la dette provinciale ; par conséquent, le gouvernement estime qu’il terminera l’année fiscale avec un déficit de 729 millions de dollars.
Lors d’une conférence de presse qui a suivi la publication du rapport de M. Leclerc, M. Girard a déclaré que l’économie du Québec a continué à dépasser les attentes et il a promis de réduire l’impôt sur le revenu des particuliers s’il est réélu le 3 octobre.
« Ce que nous aimerions faire au cours d’un second mandat serait de réduire l’écart entre le fardeau fiscal des Québécois et celui du reste de l’Amérique du Nord ou du Canada », a-t-il déclaré.
M. Girard a dit qu’il ne prévoyait pas de récession, mais plutôt un ralentissement de la croissance, qui passera de 3,4 % en 2022 à 1,7 % en 2023. L’inflation est estimée à 6,5 pour cent en 2022 et à 3,2 pour cent l’année suivante, a-t-il ajouté.
Les recettes provenant de l’impôt sur le revenu des personnes physiques – la principale source de revenus de l’État – devraient augmenter de 5,2 % entre 2021-22 et 2022-23. Les recettes provenant de la taxe sur la consommation s’élèveront à 27,3 milliards de dollars en 2022-23, soit une hausse de 10,8 % par rapport à 2021-2022.
Avec la promesse de Girard de réduire l’impôt sur le revenu, la Coalition Avenir Québec devient le troisième parti à promettre des réductions d’impôt substantielles s’il est élu, après les partis libéral et conservateur du Québec. M. Girard n’a pas précisé comment la province financerait les réductions d’impôt, promettant seulement que cela se ferait de manière « ordonnée et responsable », sans réduction des services.
Leclerc, quant à lui, a été chargé de déterminer si les prévisions financières, les estimations et les hypothèses du gouvernement faites avant les élections provinciales d’octobre étaient réalistes. L’objectif de l’examen de M. Leclerc est de s’assurer que les partis politiques disposent d’informations exactes sur lesquelles fonder leurs programmes et qu’ils ne puissent pas prétendre être surpris par un déficit ou un excédent inattendu après les élections.
Mme Leclerc a conclu que les prévisions du gouvernement actuel pour cet exercice et les deux suivants sont « plausibles », mais elle a ajouté que la situation pourrait changer en raison des niveaux élevés d’incertitude.
« La flambée de l’inflation, la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19 créent beaucoup d’incertitude, ce qui pourrait faire en sorte que les résultats réels diffèrent sensiblement des prévisions », a déclaré Mme Leclerc.
Le rapport de Mme Girard, a-t-elle dit, tient compte des dernières statistiques, lois et prévisions économiques, et inclut également une « marge de prudence » qui, selon Mme Girard, s’élève à environ 2 milliards de dollars par an au cours des cinq prochaines années pour aider à couvrir les imprévus.
La principale critique de Mme Leclerc est que le gouvernement n’a pas fourni un « scénario alternatif » détaillant ce qui se passerait si certains des pires risques se réalisaient, ce qui « aurait été utile », a-t-elle dit.
Le porte-parole libéral en matière de finances, Carlos Leitão, a reconnu qu’il n’y avait « plus de déficit structurel » au Québec grâce à une forte augmentation des revenus, mais il a critiqué le gouvernement Legault pour ne pas avoir fait plus pour aider les contribuables à faire face à l’augmentation du coût de la vie.
Ruba Ghazal, membre de l’Assemblée législative de Québec solidaire, a déclaré que l’amélioration des finances publiques n’est pas une raison pour le gouvernement de se vanter.
« Si les finances publiques se portent bien, c’est parce que la vie est plus chère pour les contribuables », a-t-elle dit.
– Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 15 août 2022.