La banque centrale européenne face aux défis d’une inflation record
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, doit expliquer pourquoi la banque ne relève pas ses taux d’intérêt malgré une inflation record, alors qu’elle a laissé en place ses principaux programmes de relance économique.
La banque des 19 pays qui utilisent l’euro est plus lente que la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre à retirer son soutien aux économies qui se remettent du pire de la pandémie de coronavirus.
La Fed a indiqué qu’elle pourrait commencer à relever ses taux d’intérêt en mars, tandis que la Banque d’Angleterre a augmenté ses taux jeudi et en décembre. Mme Lagarde a déclaré qu’une hausse des taux de sa banque était peu probable cette année.
L’inflation record de 5,1 % en Europe en janvier soulève des questions quant au moment où la banque relèvera ses taux, l’antidote typique à une inflation trop élevée. La banque affirme qu’une grande partie de l’inflation récente est due à des facteurs temporaires tels que le prix élevé du pétrole et du gaz et l’engorgement des chaînes d’approvisionnement et qu’elle devrait s’atténuer cette année.
CECI EST UNE MISE À JOUR DES DERNIÈRES NOUVELLES. L’histoire précédente de l’AP suit ci-dessous.
FRANCFORT, Allemagne (AP) — Les décideurs de la Banque centrale européenne sont confrontés à une inflation record alors qu’ils décident jeudi de la politique monétaire des 19 pays de l’Union européenne qui utilisent l’euro.
Et ce n’est pas rien, car leur mission, selon le traité de l’UE, est de maintenir la stabilité des prix.
Voici les principaux thèmes auxquels devront faire face la présidente de la banque, Christine Lagarde, et les 24 autres membres du conseil des gouverneurs lors de leur réunion :
LA HAUSSE RECORD DES PRIX MET LES BANQUIERS CENTRAUX DANS L’EMBARRAS : L’inflation annuelle dans la zone euro s’est établie à 5,1 % mercredi, soit le taux le plus élevé depuis 1997, année où l’on a commencé à enregistrer les données avant la création de l’euro en 1999. L’inflation est bien supérieure à l’objectif de 2 % que la banque considère comme le meilleur pour l’économie. Et le remède habituel contre les prix élevés à la consommation est la hausse des taux d’intérêt qui influencent les coûts d’emprunt.
MAIS LA BANQUE N’A PAS ANNONCÉ DE HAUSSE DES TAUX CETTE ANNÉE : Lors de la réunion du 16 décembre, Mme Lagarde a déclaré qu’une hausse des taux d’intérêt était « très improbable » cette année. Elle a expliqué l’inflation élevée en soulignant des facteurs qui sont probablement temporaires. L’une des principales raisons est le prix élevé du pétrole et du gaz. Une autre raison est l’embouteillage qui s’est produit lorsque les chaînes d’approvisionnement ont eu du mal à faire face au rebond soudain de l’économie mondiale après la pandémie de coronavirus. La banque prévoit une baisse de l’inflation à 1,8 % en 2023.
LES MARCHÉS VEILLENT À VOIR SI LA BANQUE ADAPTE SA POSITION : Les analystes estiment que Mme Lagarde reconnaîtra probablement les niveaux élevés d’inflation tout en essayant d’empêcher les marchés de penser qu’une hausse des taux est imminente. Cela entraînerait une hausse des coûts d’emprunt et freinerait la reprise au moment même où la croissance économique de la zone euro atteint des niveaux pré-pandémiques. Un analyste, Andrew Kenningham de Capital Economics, pense que Mme Lagarde pourrait laisser tomber le « très » et s’en tenir à « peu probable » concernant les hausses de taux. Elle pourrait parler de l’incertitude concernant l’évolution de l’inflation et souligner la nécessité de rester flexible.
LES ANALYSTES PENSENT QUE LA BANQUE S’EN TIENDRA À SA FEUILLE DE ROUTE POUR LE MOMENT : Mme Lagarde a déclaré que l’économie avait encore besoin de taux bas, mais qu’elle s’était suffisamment redressée pour que la banque mette progressivement fin à son programme de relance d’urgence de 1 800 milliards d’euros. Ce programme d’achat d’obligations doit prendre fin en mars, tandis qu’une partie de celui-ci se poursuivra dans le cadre d’un autre programme. Le soutien pourrait alors être supprimé progressivement d’ici la fin de l’année, ce qui permettrait une hausse des taux en 2023. Les taux n’ont jamais été aussi bas : Une référence clé est à zéro et une autre est à moins 0,5 %.
LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE EST LOIN DERRIÈRE LES ÉTATS-UNIS ET LE ROYAUME-UNI : La Réserve fédérale américaine a signalé qu’elle pourrait commencer une série de hausses de taux dès le mois de mars afin de contrer l’inflation, qui atteint son niveau le plus élevé depuis 40 ans, soit 7 %. L’une des raisons pour lesquelles la Fed est en avance est que la reprise américaine est plus avancée et a moins besoin du soutien des faibles coûts d’emprunt, l’économie étant de quelque 3 % supérieure à ce qu’elle était avant la pandémie. L’Europe commence tout juste à atteindre les niveaux de production d’avant la pandémie. La Banque d’Angleterre a augmenté ses taux en décembre et devrait les augmenter à nouveau lors de sa réunion de jeudi.
L’INFLATION SE PORTE SUR LES CONSOMMATEURS : Les ménages voient leurs factures d’électricité et de carburant augmenter, ce qui leur laisse moins d’argent pour acheter d’autres choses. Cela a constitué un frein supplémentaire à l’économie européenne, en plus de la vague de COVID-19 imputée à la variante omicron. Le prix de l’essence en Allemagne a atteint un record de 1,71 euro par litre, soit l’équivalent de 7,31 dollars par gallon.
07:55ET 03-02-22