Inde : Twitter conteste l’ordre de blocage de contenu
Twitter a contesté mardi devant la justice le gouvernement indien qui a récemment ordonné le retrait de certains contenus sur la plateforme de médias sociaux, ont rapporté les médias.
Le procès a été intenté devant la Haute Cour de Karnataka, dans la ville de Bengaluru, dans le sud du pays, après que le gouvernement indien ait averti en février les dirigeants de l’entreprise qu’ils s’exposeraient à des poursuites pénales s’ils ne se conformaient pas aux ordres de retrait, selon le Press Trust of India et le site d’informations juridiques Bar and Bench.
Une porte-parole de Twitter, Aditi Shorewal, a refusé de commenter ou de préciser le type de contenu que l’entreprise a été priée de bloquer. Elle n’a pas confirmé que Twitter avait intenté une action en justice.
Cette action en justice s’inscrit dans le cadre d’une confrontation croissante entre Twitter et New Delhi, après que le gouvernement indien a adopté l’année dernière un nouvel ensemble de réglementations radicales lui donnant plus de pouvoir pour contrôler le contenu en ligne.
Les nouvelles règles exigent des entreprises qu’elles effacent ou bloquent le contenu que les autorités jugent illégal. En vertu de ces lois, les employés des sites de médias sociaux et des entreprises technologiques peuvent être tenus pénalement responsables s’ils ne se conforment pas aux ordres du gouvernement.
« Il incombe à chacun de respecter les lois adoptées par le Parlement du pays », a déclaré mardi le ministre indien des technologies de l’information, Ashwini Vaishnaw, aux journalistes qui l’interrogeaient sur cette action en justice.
Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi cherche depuis des années à contrôler les médias sociaux et a souvent demandé à Twitter de supprimer les tweets ou les comptes qui semblent critiquer son parti et son administration.
Twitter s’est conformé à la plupart de ces ordres dans le passé mais a également résisté à d’autres et a qualifié les nouvelles règles de « menace potentielle pour la liberté d’expression ». La société a supprimé des contenus liés aux manifestations anti-gouvernementales des agriculteurs et des tweets critiquant la gestion de la pandémie par l’administration Modi.
Le gouvernement indien a qualifié les nouvelles règles de nécessaires pour lutter contre la désinformation, les discours de haine et autres troubles. Des fonctionnaires ont averti Twitter que le non-respect des règles pourrait signifier que la société perdrait ses protections en matière de responsabilité en tant qu’intermédiaire, ce qui signifie que Twitter pourrait faire l’objet de poursuites judiciaires concernant le contenu.
Les relations entre le gouvernement indien et Twitter sont épineuses depuis l’adoption de ces lois.
En mai de l’année dernière, la police a fait une descente dans les bureaux de Twitter après que la société ait qualifié un tweet du porte-parole du parti de Modi de « média manipulé ».
Le même mois, WhatsApp a intenté un procès au gouvernement indien pour défendre la vie privée de ses utilisateurs et s’opposer à de nouvelles règles qui l’obligeraient à rendre les messages « traçables » à des parties externes. Cette affaire est toujours en cours devant un tribunal indien.
Les experts ont critiqué les nouvelles règles et ont déclaré qu’elles équivalaient à de la censure. Ils ont également accusé le gouvernement Modi de faire taire les critiques sur les médias sociaux, en particulier sur Twitter. Le parti de Modi nie cette affirmation.
La semaine dernière, la police de New Delhi a arrêté un journaliste pour un tweet datant de 2018 qui, selon un utilisateur anonyme de Twitter, aurait heurté les sentiments d’une « religion particulière. »