France : La grève nationale se poursuit alors que le régime de retraite avance
Les Français espérant préserver leurs prestations de retraite sont descendus dans la rue mercredi dans tout le pays alors que le régime de retraite impopulaire du président Emmanuel Macron a été validé par un comité de législateurs réunis à huis clos.
Macron avait les moyens au sein de la commission mixte du Sénat et de l’Assemblée nationale de faire avancer son projet de relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, mais il reste à voir s’il pourra disposer d’une majorité parlementaire. Sinon, Macron devrait imposer unilatéralement les changements impopulaires.
Les syndicats espèrent que quelque 200 manifestations à travers le pays démontreront les conséquences politiques du changement, que Macron a promu comme étant au cœur de sa vision de rendre l’économie française plus compétitive.
Les défis économiques ont provoqué des troubles généralisés dans toute l’Europe occidentale. Mercredi en Grande-Bretagne, les enseignants, les jeunes médecins et le personnel des transports publics ont fait la grève pour obtenir des salaires plus élevés pour correspondre à la hausse des prix. Et le gouvernement de gauche espagnol s’est joint aux syndicats pour annoncer un accord « historique » visant à sauver son système de retraite en augmentant les charges sociales pour les hauts salariés.
La solution espagnole correspond exactement à ce que les syndicats français souhaiteraient, mais Macron a refusé d’augmenter les impôts, affirmant que cela rendrait l’économie du pays moins compétitive. Il faut faire quelque chose, a soutenu le président, la population retraitée de la France devant passer de 16 à 21 millions de personnes d’ici 2050.
De la musique forte et d’énormes ballons syndicaux ont donné le coup d’envoi de la manifestation parisienne, près du tombeau de Napoléon au dôme doré des Invalides. Une panoplie de banderoles donne le ton : « Ils disent capitalisme. Nous disons combat », lit-on. D’autres ont dit « Paris enragé » ou « Si les droits ne sont pas défendus, ils seront bafoués ».
« Si nous ne parlons pas maintenant, tous nos droits pour lesquels les Français se sont battus seront perdus. » a déclaré Nicolas Durand, un acteur de 33 ans. « Macron est déconnecté et est au lit avec les riches. C’est facile pour les gens au gouvernement de dire travailler plus dur, mais leur vie a été facile. »
Une grève des travailleurs de l’assainissement dans son 10e jour a laissé Paris inondé de tas d’ordures rances, que la police a ordonné de nettoyer le long du parcours de la marche après que des fauteurs de troubles aient utilisé des ordures pour allumer des incendies ou jeter des ordures sur la police lors de récentes manifestations.
Des manifestants accompagnés d’une importante force de sécurité ont parcouru la rive gauche le long de rues dégagées. Un groupe de fauteurs de troubles vêtus de noir s’est formé et a attaqué une petite entreprise, et 22 personnes ont été arrêtées, a annoncé la police parisienne.
Les forces de sécurité ont également contré la violence avec des accusations et des gaz lacrymogènes dans plusieurs autres villes, dont Rennes et Nantes dans l’est de la France et Lyon dans le sud-est, selon les médias français.
Le comité de sept sénateurs et de sept législateurs de l’Assemblée nationale s’est mis d’accord mercredi sur le texte final, et une majorité conservatrice au Sénat favorable au relèvement de l’âge de la retraite devrait l’approuver dès jeudi.
La situation à l’Assemblée nationale est beaucoup plus compliquée.
L’alliance centriste de Macron a perdu sa majorité aux élections législatives de l’année dernière, obligeant le gouvernement à compter sur les votes des conservateurs pour faire adopter le projet de loi. Les législateurs de gauche et d’extrême droite sont fortement opposés et les conservateurs sont divisés, ce qui rend le résultat imprévisible.
Macron a organisé une séance stratégique en soirée avec la Première ministre Elisabeth Borne et les ministres en charge du projet de loi à l’Elysée. L’approbation à l’Assemblée nationale jeudi donnerait au plan plus de légitimité, mais plutôt que de faire face au risque de rejet, Macron pourrait plutôt utiliser son pouvoir constitutionnel spécial pour forcer le projet de loi à être adopté par le Parlement sans vote.
Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Veran, a déclaré mercredi que le projet de loi poursuivrait son chemin dans le processus législatif, en respectant « toutes les règles prévues par notre Constitution ».
Le législateur du Parti républicain Aurélien Pradie, qui s’oppose aux réformes, a déclaré mercredi que si ce pouvoir spécial était utilisé, il déposerait un recours devant le Conseil constitutionnel, une instance judiciaire française supérieure.
Des conducteurs de train, des enseignants, des dockers, des raffineries de pétrole et d’autres se sont joints aux éboueurs pour quitter leur travail mercredi, manœuvrant devant des milliers de tonnes de déchets s’empilant sur les trottoirs de Paris et d’autres villes françaises.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé à la mairie de Paris de forcer certains des éboueurs à reprendre le travail, qualifiant cela de problème de santé publique.
La maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo, a déclaré qu’elle soutenait la grève. La porte-parole du gouvernement, Veran, a averti que si elle ne se conforme pas, le ministère de l’Intérieur est prêt à agir à sa place.
Les transports en commun, quant à eux, ont été perturbés : Environ 40 % des trains à grande vitesse et la moitié des trains régionaux ont été supprimés. Le métro parisien a ralenti et l’autorité de l’aviation française a mis en garde contre les retards, affirmant que 20% des vols à l’aéroport de Paris-Orly ont été annulés.
La police parisienne a déclaré que 37 000 personnes avaient participé dans la capitale française, soit 11 000 de moins que samedi, alors même que les sondages montrent une large opposition au projet de loi sur les retraites. Le principal syndicat CGT a déclaré que 450 000 personnes avaient participé à Paris et 1,7 million dans toute la France.
« Ce seront ceux qui travaillent le plus qui feront une mauvaise affaire. C’est toujours comme ça », a déclaré Magali Brutel, une infirmière de 41 ans. « Les personnes très riches pourraient payer plus d’impôts, c’est une bonne solution pour payer une population vieillissante. Pourquoi taxons-nous effectivement les plus âgés et les plus pauvres ?
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Thomas Adamson à Paris y a contribué.