Élection pandémique : combien a coûté le vote de 2021 ?
OTTAWA — L’élection fédérale de l’an dernier a coûté environ 630 millions de dollars — soit plus que la facture estimée à 502 millions de dollars pour le scrutin de 2019 — en partie à cause des coûts supplémentaires liés à la pandémie, selon Élections Canada.
Le rapport officiel sur l’élection de septembre dernier décrit les multiples obstacles que les responsables de l’élection ont dû surmonter en raison du COVID-19, notamment pour trouver du personnel pour les bureaux de vote.
Le rapport a révélé que de nombreuses communautés des Premières Nations n’avaient aucun bureau de vote le jour de l’élection.
Sur les quelque 635 communautés des Premières nations au Canada, seulement 57 % se sont vu attribuer un bureau de vote sur leur réserve. Dans certaines communautés éloignées, le bureau de vote le plus proche était très éloigné et inaccessible.
Élections Canada s’est excusé auprès des électeurs de trois communautés autochtones vivant à bord d’un avion, près de Kenora, en Ontario, après qu’ils se soient présentés pour voter et aient constaté qu’il n’y avait pas de bureau de vote.
Susan Torosian, directrice générale d’Élections Canada, a déclaré qu’elle était « profondément désolée » que certains électeurs autochtones n’aient pas pu voter. Elle a déclaré lors d’une séance d’information lundi qu’Élections Canada procéderait à un examen pour s’assurer que les électeurs autochtones, quel que soit leur lieu de résidence, aient la possibilité de voter la prochaine fois.
Le rapport d’Élections Canada indique que l’organisme a eu du mal à trouver du personnel pour les bureaux de vote. À Toronto, 15 circonscriptions électorales comptaient au total 448 bureaux de vote de moins que la dernière fois.
Pour faciliter le recrutement, l’organisme a accordé une augmentation de salaire au personnel des jours d’élection, qui était chargé de faire respecter les règles de distance sociale et de désinfecter les surfaces.
Le rapport indique que certains ont été victimes d’abus dans les bureaux de vote, y compris des électeurs qui s’opposaient au port de masques, et dans certains cas, la police a été appelée.
En raison du COVID-19, de nombreuses écoles et centres communautaires n’étaient pas disponibles comme bureaux de vote le jour de l’élection, obligeant Élections Canada à trouver d’autres lieux de vote, y compris des sites plus petits, ce qui a entraîné des files d’attente à l’extérieur.
La difficulté de trouver des bureaux de vote a également entraîné des retards dans l’envoi des cartes d’information de l’électeur. Habituellement, les cartes d’électeurs auraient été postées à la fin du mois d’août, mais la plupart l’ont été une semaine plus tard.
Environ 26,4 millions de cartes ont été envoyées juste avant le vote par anticipation, et 1 million supplémentaire a été envoyé avant le 15 septembre.
« Les retards dans l’envoi des cartes sont principalement dus à la brièveté de la période électorale et aux difficultés à trouver des bureaux de vote adéquats », indique le rapport.
À Brampton-Est, en Ontario, 70 % des cartes, contenant des informations sur le moment et le lieu du vote, n’ont été envoyées qu’après l’ouverture du vote par anticipation. En raison de cette erreur, Élections Canada a permis aux électeurs de Brampton-Est de voter aux bureaux de vote par anticipation sans présenter leur carte.
Dans ses préparatifs en vue d’une élection pandémique, Élections Canada a surestimé le nombre de personnes qui voteraient par correspondance, prédisant au départ que jusqu’à 5 millions de Canadiens pourraient le faire.
Sur les 17,2 millions de personnes qui ont voté, 16 millions ont voté en personne. Plus de 5,8 millions de personnes – un nombre record – ont voté par anticipation avant le jour du scrutin.
Un nombre record de personnes ont également voté par correspondance dans leur propre circonscription le jour du scrutin. Mais moins de personnes que la dernière fois ont envoyé leur vote par courrier depuis l’étranger ou en dehors de leur circonscription.
Il y a eu un certain nombre de problèmes administratifs concernant les bulletins de vote par correspondance, y compris des prisonniers votant depuis des prisons, et des bulletins qui ont été placés au mauvais endroit et n’ont pas été comptés.
Il y a également eu des problèmes avec le matériel électoral dans quelques circonscriptions, notamment des erreurs d’impression avec des listes de candidats incorrectes.
Malgré ces problèmes, Élections Canada a fait des efforts pour que les électeurs du Nunavut puissent avoir accès à l’information. Les agents électoraux ont traduit le matériel, y compris la liste des candidats, en inuktitut, la langue inuite parlée par 70 % des résidents
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Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 31 janvier 2022.