Des courriels soulèvent des questions sur l’indépendance de l’organisme canadien de réglementation des transports.
La correspondance récemment révélée entre le gouvernement fédéral et l’Office des transports du Canada (OTC) au début de la pandémie soulève des questions sur l’indépendance de l’organisme de réglementation.
Des courriels non censurés montrent que des hauts fonctionnaires ont discuté avec les dirigeants de l’agence de la manière dont les compagnies aériennes pourraient indemniser les passagers pour les voyages annulés à cause du COVID-19.
L’article 39 du code de conduite de l’OTC stipule que « les membres ne doivent pas communiquer avec des acteurs politiques ou des fonctionnaires d’autres ministères et organismes fédéraux … concernant une question qui est, était ou pourrait être soumise à l’agence ».
Cependant, les courriels indiquent que le chef de cabinet du ministre des Transports de l’époque, Marc Garneau, a parlé avec le président de l’agence et le plus haut fonctionnaire du ministère en mars 2020 au sujet d’une déclaration prochaine de l’OTC selon laquelle les compagnies aériennes pourraient émettre des crédits de vol plutôt que des remboursements pour les voyages annulés.
La correspondance montre également qu’un haut fonctionnaire de Transports Canada a contacté l’organisme indépendant pour discuter des préoccupations soulevées par Air Transat concernant l’obligation de rembourser les clients pour les vols annulés.
La déclaration de l’OTC, au cours des premières semaines de la pandémie de COVID-19, selon laquelle les bons d’échange plutôt que les remboursements constituent une « approche raisonnable » à l’égard des passagers qui doivent payer de leur poche, a suscité une réaction négative du public et des milliers de plaintes adressées à l’agence de transport.
Interrogé sur la question à la Chambre des communes mardi, le ministre des Transports Omar Alghabra a déclaré que le gouvernement libéral « était là pour aider les Canadiens avec leurs remboursements » ainsi que les compagnies aériennes et les travailleurs de l’aviation en difficulté.
Taylor Bachrach, porte-parole du NPD en matière de transports, affirme que les courriels et l’appel téléphonique constituent un exemple « troublant » de gouvernement « qui se plie aux exigences des grandes compagnies aériennes » plutôt que de défendre les clients.
Gabor Lukacs, président du groupe de défense des droits des passagers aériens, affirme que la communication en coulisse montre comment les fonctionnaires ont franchi « certaines lignes rouges ».
L’agence de transport relève de Transports Canada, et la communication régulière entre eux pour tenir le ministre au courant des questions pertinentes est une pratique établie, a déclaré un porte-parole du ministère.
« Ces discussions n’ont pas d’incidence sur l’indépendance de l’OTC ou sur sa relation sans lien de dépendance avec Transports Canada. Par exemple, il ne serait pas rare que l’agence informe le ministère d’une annonce à venir ou que le ministère pose des questions factuelles sur les annonces pour être en mesure d’informer le ministre », a déclaré Simon Rivet dans un courriel mardi.
Ce reportage de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 2 février 2022.