Des chercheurs spécialisés dans les traumatismes crâniens demandent aux vétérans canadiens de « donner leur cerveau en gage ».
Dennis Manuge, vétéran des Forces canadiennes, a beaucoup réfléchi à la santé de son cerveau ces derniers temps, et à l’impact des commotions cérébrales répétées subies pendant son service militaire et après.
« J’ai eu plusieurs commotions cérébrales, probablement deux chiffres entre le service militaire et l’athlétisme », dit Manuge.
Il se souvient d’un incident survenu lors de l’entraînement des forces armées, au cours duquel il a reçu un violent coup sur la tête.
« Je ne savais pas qui était qui autour de moi, pendant presque une heure », dit-il. « Et puis je me suis remis au travail. »
Connu pour avoir mené avec succès un recours collectif contre le ministère des Anciens Combattants au sujet des paiements d’invalidité, Manuge se bat maintenant pour se remettre de ses blessures militaires et du syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Il dit que c’est la franchise de la star de la NHL Sidney Crosby au sujet de ses commotions cérébrales sur la glace qui l’a amené à réfléchir aux coups durs qu’il a subis dans sa propre vie.
Ainsi, lorsque l’homme de 53 ans a entendu parler du Projet Enlist Canada, qui recrute des anciens combattants pour qu’ils fassent don de leurs tissus cérébraux à la science après leur mort, il s’est inscrit.
« La première chose que j’ai faite a été d’en informer ma femme, car on ne sait jamais. Quand votre temps est écoulé, votre temps est écoulé « , dit-il.
Le projet Enlist Canada est une initiative de sensibilisation qui travaille en partenariat avec des chercheurs sur les commotions cérébrales et le cerveau afin de mieux comprendre l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC) – une dégénérescence du cerveau due à des traumatismes crâniens répétés, comme ceux subis par les athlètes professionnels tels que les joueurs de football.
À l’heure actuelle, l’ETC ne peut être diagnostiquée avec précision que par autopsie, mais ses symptômes sont très similaires à ceux du SSPT.
« Nous avons beaucoup d’anciens combattants qui sont diagnostiqués à tort comme souffrant de SSPT, alors qu’en fait, ils souffrent d’une lésion cérébrale ou ont également une lésion cérébrale », explique Michael Terry, un ancien combattant de la Nouvelle-Écosse vivant en Ontario et coordonnateur des activités de sensibilisation du projet.
« L’ETC est essentiellement une accumulation de petits coups au fil du temps, de micro-coupures, [and] quand on regarde notre service… tirer le fusil sans recul de 84 mm, qui est une arme lourde tirée à l’épaule, tirer le mortier de 81 mm, on est juste à côté « , explique le vétéran de l’infanterie. « Même la marine, l’armée de l’air, on prend tous ces « coups sur la tête » au cours de notre carrière ».
« Vous devez commencer à vous poser ces questions, avez-vous eu ces chocs à la tête dans votre vie », dit Ryan Carey, directeur de l’engagement militaire de Project Enlist Canada.
L’ancien joueur de la LCF et vétéran des FAC depuis 14 ans est passionné par l’effort visant à créer une banque de tissus cérébraux post-mortem d’hommes et de femmes canadiens ayant servi dans l’armée.
« Les médecins, les thérapeutes, ils ne recherchent peut-être pas les traumatismes crâniens, [they say] Les médecins et les thérapeutes ne recherchent pas nécessairement des traumatismes crâniens, mais plutôt des traumatismes liés au fait d’avoir été en Afghanistan, ce qui doit être le cas « , explique-t-il. « Absolument, c’est tout à fait valable. Mais comprenez la quantité de traumatismes crâniens auxquels les vétérans sont confrontés au cours de leur carrière, non seulement au combat, sur les champs de tir, dans les navires, dans les avions, il y a beaucoup de ces choses qui se produisent également à l’entraînement. »
Pour Carey, il s’agit d’aider les vétérans maintenant, mais aussi de contribuer à la prévention du TCE pour tout le monde.
« Ces choses sont très sérieuses, il y a un mouvement dans tous les sports… pour limiter les impacts à la tête chez les jeunes enfants, et ma réponse émotionnelle à cela est : « Ça ne va pas assez vite ». »
Project Enlist travaille en collaboration avec la Concussion Legacy Foundation pour soutenir les chercheurs du Boston University CTE Center et du CAMH Brain Health Imaging Centre afin d’étudier les causes et les effets des traumatismes cérébraux répétés.
À CAMH, le radiochimiste en chef Neil Vasdev dirige les efforts visant à permettre le diagnostic du TCE chez un patient vivant grâce à un scanner cérébral.
« L’étude du cerveau des vétérans nous permettra de mieux comprendre comment stopper les blessures et les traiter », explique Neil Vasdev.
« J’ai bon espoir que nous puissions le faire dans les trois à cinq prochaines années. Nous disposons déjà de nouveaux agents d’imagerie que nous prévoyons de soumettre à des études sur l’homme cette année », ajoute-t-il.
En cas de succès, il s’agirait d’une première scientifique.
Selon M. Terry, ce serait également une source d’espoir pour toute personne vivant avec les effets souvent dévastateurs de traumatismes cérébraux répétés.
« Des protocoles de traitement vont en découler, des protocoles de signalement vont en découler, et la prévention va en découler », dit-il. « Nous essayons vraiment d’aborder la question sous tous les angles ».
Les anciens combattants qui souhaitent faire don de leurs tissus cérébraux après leur décès peuvent remplir un formulaire sur le site Web de Project Enlist Canada.