Comment la pandémie a changé le planning familial au Canada
TORONTO — Selon une nouvelle analyse de Statistique Canada, de nombreux Canadiens retardent leur projet d’avoir des enfants ou prévoient d’en avoir moins en raison de la pandémie de COVID-19.
À l’aide des données de la première série de l’Enquête sociale canadienne – COVID-19 et bien-être (CSS-CW), Statistique Canada a analysé si les Canadiens âgés de 15 à 49 ans ont apporté des changements à leurs plans de fécondité en raison de la pandémie, y compris des changements au moment de la procréation, les impacts sur le nombre d’enfants désirés et dans quelle mesure certaines caractéristiques sociodémographiques étaient plus ou moins susceptibles d’ajuster leurs plans de fécondité.
Les résultats de l’enquête, publiés dans un rapport mercredi, montrent que près d’un quart (24 %) des Canadiens âgés de 15 à 49 ans en 2021 ont modifié leurs plans de fécondité en raison de la pandémie de COVID-19.
Dans l’ensemble, 19 pour cent des 15 à 49 ans souhaitaient avoir moins d’enfants que prévu ou avoir un bébé plus tard que prévu à cause de la pandémie.
Cependant, quatre pour cent des personnes interrogées ont déclaré vouloir avoir plus d’enfants que prévu ou avoir un bébé plus tôt que prévu.
« Les circonstances uniques de la pandémie COVID 19 peuvent avoir conduit certaines personnes à retarder ou à abandonner leurs projets d’avoir un enfant en raison de préoccupations de santé, ou en raison d’effets secondaires de la pandémie tels que la perte d’emploi, la réduction des revenus, l’incertitude financière ou le stress général », ont écrit les chercheurs. « D’autre part, pour certains, la pandémie peut avoir suscité un nouvel intérêt pour la conception d’un enfant en raison du temps plus long passé à la maison et du désir de vivre une expérience nouvelle et enrichissante. »
Le rapport décrit le Canada comme un « pays à faible fécondité » dont le taux de fécondité est en baisse constante depuis 2008. Depuis le début de la pandémie, la tendance s’est intensifiée – le taux de fécondité du Canada est passé de 1,47 enfant par porteur en 2019 à un minimum record de 1,40 enfant par porteur en 2020.
En 2020, le Canada a également connu le plus faible nombre de naissances et la plus forte baisse des naissances d’une année sur l’autre, à -3,6 %, depuis 2006.
L’enquête a révélé que la modification la plus courante des plans de fécondité consistait à retarder la naissance des enfants, une conclusion jugée » particulièrement significative » par l’étude car le Canada est un pays où la procréation est tardive, l’âge moyen des enfants au moment de l’accouchement étant d’environ 31 ans en 2020.
L’enquête a également révélé que les Canadiens qui n’avaient pas d’enfants étaient deux fois plus susceptibles de vouloir avoir des enfants plus tard ou d’en avoir moins que ceux qui étaient déjà parents.
LES MINORITÉS VISIBLES SONT PLUS SUSCEPTIBLES DE CHANGER LEURS PLANS DE FERTILITÉ
L’enquête CSS-CW a révélé que les personnes appartenant à des groupes désignés comme des minorités visibles étaient significativement plus susceptibles d’avoir déclaré vouloir avoir moins d’enfants ou les avoir plus tard, soit 25 % des répondants contre 17 % pour les personnes n’appartenant pas à ces groupes.
« Ce différentiel peut refléter en partie le fait que les minorités visibles ont été affectées de manière disproportionnée par la pandémie de COVID-19, que ce soit par le chômage, les difficultés financières ou les taux de mortalité liés au COVID-19 », ont écrit les chercheurs.
L’enquête a noté que ni le statut d’immigrant ni le statut LGBTQ2S+ n’avaient une influence significative sur la probabilité qu’une personne change ses plans de fertilité, mais a noté une tendance régionale en comparant les provinces de l’Atlantique à l’Ontario et au Québec.
Seize pour cent des personnes vivant dans les provinces de la côte Est et 13 % de celles vivant au Québec ont déclaré vouloir moins d’enfants ou les avoir plus tard, contre 22 % en Ontario. Selon l’enquête, cela pourrait être lié aux taux d’emploi des jeunes, à l’abordabilité et à la disponibilité des logements, ainsi qu’aux services de garde d’enfants à faible coût uniques au Québec.
Les chercheurs ont écrit qu’il reste à voir si l’indice synthétique de fécondité du Canada reviendra à son niveau pré-pandémique dans les années à venir ou s’il poursuivra la tendance à la baisse observée ces dernières années.