Chercher un sens au jargon codé de l’ONU
P5+1. Le Sec-Gen. Les représentants permanents. Les ODD. ECOSOC, UNDP, OCHA. Stockholm+50.
Bienvenue à l’AGNU.
Les Nations Unies, comme beaucoup de grandes institutions, ont leur propre langage. Pour les dignitaires, bureaucrates, journalistes et fonctionnaires qui arpentent régulièrement ces couloirs, cette soupe alphanumérique a un sens et facilite peut-être même la communication.
Mais pendant les quelques jours de l’année où des dizaines de dirigeants du monde entier se retrouvent sur le campus de l’ONU à New York, il en va de même pour de nombreuses personnes qui ne sont pas familières avec ces raccourcis sémantiques.
Un organigramme du système des Nations unies répertorie plus de 70 acronymes, du DESA au PAM. Le Groupe des 77 compte, à tort, 134 membres – une contradiction expliquée sur son site web comme un choix destiné à honorer la « signification historique » du nom original.
Pour les visiteurs, il peut parfois sembler que le langage est utilisé pour obscurcir le sens plutôt que pour l’élucider.
Ces visiteurs doivent monter en ville pour redescendre afin d’accéder à la tour des Nations unies sur l’East River pendant le débat de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, en raison du cordon de sécurité. La rhétorique à l’intérieur est souvent tout aussi détournée.
Et il n’y a pas que les acronymes des agences de l’ONU ou les surnoms des organes ou des réunions. Ici aussi, des mots rarement entendus ailleurs apparaissent : multilatéralisme, hégémonie, solidarité. Parfois, ils s’enchaînent d’une manière qui défie toute tentative d’analyse.
Le représentant de la Corée du Nord, par exemple, s’est emporté contre les Etats-Unis en accusant Washington d’essayer de « maintenir l’hégémonie mondiale en étendant le système d’alliances militaires bilatérales et multilatérales ».
Il est facile d’être frustré, car les mots sont vraiment tout ce que nous avons cette semaine. Dans le monde entier, les Nations unies accomplissent de nombreuses tâches importantes : livraison de nourriture, administration de vaccins, enregistrement des réfugiés. Mais alors que les dirigeants plaident leur cause sur la scène mondiale, cette semaine est une semaine de paroles.
Dans ce marasme, les moments de lumière, quand ils arrivent, ont tendance à briller davantage.
Le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines s’est exprimé de manière particulièrement éloquente et puissante.
Le président ukrainien a fait un plaidoyer passionné pour punir la Russie de son invasion, tout en promettant que Kiev l’emporterait.
Et le ministre des affaires étrangères du Bhoutan a fait vibrer les cordes sensibles en lisant la lettre d’une enfant de 7 ans qui craignait que les lacs des glaciers n’inondent son village himalayen et implorait les dirigeants mondiaux de lutter contre le changement climatique.
En fait, Tandi Dorji a déclaré qu’il avait repensé à son discours lorsqu’il a reçu cette note, ce qui montre peut-être que les bons mots ont encore du pouvoir. Du moins, lorsqu’il s’agit de l’AGNU.