Changement climatique : le Canada aura une stratégie d’adaptation
Le Canada est sur le point de se doter d’une nouvelle stratégie nationale d’adaptation au climat, décrivant l’intention du gouvernement d’éliminer les décès dus à la chaleur et aux incendies de forêt, de protéger les maisons et les entreprises les plus exposées aux risques d’inondation et d’aider les gens à fuir les conditions météorologiques extrêmes pour rentrer chez eux plus rapidement.
Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, doit publier la stratégie d’adaptation et un plan pour la mettre en œuvre jeudi à l’Île-du-Prince-Édouard. Il le fera au nom du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault, qui a été appelé pour une affaire personnelle.
Le gouvernement décrit le document comme un plan directeur pour identifier les dangers auxquels les Canadiens sont confrontés, trouver des moyens de réduire les risques et fixer des objectifs pour y parvenir.
Les objectifs comprendront une meilleure information des Canadiens sur ces risques, la fin de tous les décès liés à la chaleur et la mise à niveau du programme national d’aide financière en cas de catastrophe pour inclure non seulement la récupération après un événement majeur, mais aussi la reconstruction pour résister au suivant.
Le gouvernement publiera également une liste de choses qu’il a l’intention de faire pour aider à s’adapter, y compris de nouveaux investissements dans le Fonds fédéral d’atténuation et d’adaptation en cas de catastrophe, et de l’argent pour lutter contre les incendies de forêt et produire des cartes d’inondation plus complètes pour l’ensemble du pays.
Avant de discuter des nouveaux documents, Blair et plusieurs autres ministres et députés libéraux visiteront certaines parties de l’Île-du-Prince-Édouard dévastées par la tempête post-tropicale Fiona il y a deux mois. Cela comprend le port de Red Head, où un quai a été démoli, un autre a été soulevé de plusieurs mètres par l’onde de tempête et un autre a complètement disparu.
La tempête a causé environ 660 milliards de dollars de dommages assurés. D’ici 2030, selon le gouvernement fédéral, les conditions météorologiques extrêmes pourraient causer 15 milliards de dollars de dommages par an.
Mais ce chiffre pourrait être inférieur si les Canadiens s’adaptent au climat auquel nous sommes confrontés maintenant, au lieu de continuer à vivre dans un pays construit pour le climat du passé.
« Les choix et les mesures d’adaptation que nous prenons aujourd’hui aideront à décider de l’avenir de nos communautés, de nos moyens de subsistance, de l’environnement et de l’économie », a déclaré Guilbeault dans un communiqué mercredi.
Cette déclaration accompagnait la publication d’une évaluation des impacts climatiques auxquels le Nord du Canada est déjà confronté. Il avertit que dans le Nord, où le réchauffement se produit trois fois plus vite que la moyenne mondiale, « le changement climatique produit des changements graves, et dans de nombreux cas irréversibles, des paysages et des écosystèmes du Nord ».
Cela comprend le réchauffement du pergélisol, l’invasion d’arbustes dans la toundra, les changements dans la répartition des espèces et l’augmentation des ravageurs et des incendies.
Les autres évaluations régionales ont déjà mis en garde contre tout, de la montée du niveau de la mer dans l’Atlantique, des vagues de chaleur plus fréquentes au Québec, des pluies plus abondantes dans le sud de l’Ontario et des inondations et des incendies plus fréquents en Colombie-Britannique.
Dans les Prairies, le changement climatique pourrait bouleverser des écosystèmes entiers, transformer la forêt boréale en parcs et en prairies et éliminer complètement certains écosystèmes de montagne.
Dans la politique sur le changement climatique, l’atténuation est le mot utilisé pour désigner les actions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère, entraînant le réchauffement climatique. L’adaptation est le mot utilisé pour les actions qui ajustent nos vies au fait que la planète s’est déjà réchauffée.
Les évaluations scientifiques montrent qu’en 2016, le Canada atlantique était déjà 0,7 C plus chaud en moyenne qu’en 1948. Le Québec s’était réchauffé entre 1 C et 3 C selon la région, et pourrait se réchauffer de 3,5 C supplémentaires d’ici 2050.
La stratégie d’adaptation comprendra des objectifs spécifiques et mesurables sur tout, de la protection contre les inondations à l’expansion des zones protégées. Mais ces objectifs sont provisoires en attendant l’approbation des provinces et des territoires.
Le gouvernement passera 90 jours à consulter les provinces et les territoires sur le plan et les cibles, dont certaines relèvent de la compétence provinciale.
Blair Feltmate, directeur du Centre Intact sur l’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, a déclaré que l’adaptation n’est pas seulement un bien à avoir, c’est une mission essentielle.
« Chaque jour où nous ne nous adaptons pas est un jour que nous n’avons pas », a-t-il déclaré.
Feltmate faisait partie des dizaines d’experts qui ont contribué à l’élaboration de la stratégie et ont fourni des domaines clés sur lesquels le gouvernement doit se concentrer dans le plan final. Guilbeault a rendu ses conseils publics en mai et le gouvernement a passé les six derniers mois à consulter sur les idées.
Le gouvernement libéral a promis de publier la stratégie d’ici la fin de cette année, mais avait espéré la faire publier avant les récentes discussions des Nations Unies sur le climat en Égypte. Elle n’était pas encore prête à l’époque, mais le Canada pourra présenter la stratégie au sommet de l’ONU sur la biodiversité à Montréal le mois prochain.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 24 novembre 2022.