Budget fédéral : Prêts anti-prédateurs, dentaires inclus
La ministre des Finances Chrystia Freeland est sur le point de déposer un budget fédéral à la Chambre des communes mardi après-midi, qui, selon une source fédérale, comprendra des plans pour lutter contre les prêts prédateurs et plus de détails sur les soins dentaires dans le cadre d’un argumentaire pour rendre la vie plus abordable.
Le représentant du gouvernement, qui a obtenu l’anonymat pour discuter de questions qui ne seront pas publiques avant la publication du budget, a déclaré que les libéraux fédéraux avaient l’intention de modifier le Code criminel afin de réduire le montant des intérêts légalement autorisés à être facturés.
Les prêts prédateurs impliquent souvent des prêts à court terme à des taux d’intérêt extrêmement élevés. Souvent commercialisés auprès de personnes en situation de précarité financière, ils peuvent créer un cycle d’endettement difficile à échapper.
Le Code criminel plafonne actuellement le taux d’intérêt légal à 60 % d’intérêt annuel effectif, ce qui est le cas depuis qu’il a été établi en 1980 — une époque où le taux directeur du financement à un jour fixé par la Banque du Canada était de 21 %, comparativement à les 4,5 % qu’elle est aujourd’hui.
Il existe une exemption dans la plupart des provinces pour les prêts sur salaire jusqu’à 1 500 $ pour 62 jours ou moins, ce qui signifie que dans certaines provinces, le taux de pourcentage annualisé maximal est supérieur à 400 %.
La source a déclaré que le budget de 2023 proposera que le taux d’intérêt criminel soit abaissé à 35 %, ce qui est le cas au Québec, où les tribunaux ont jugé que tout montant plus élevé violerait la législation provinciale sur la protection des consommateurs. Par conséquent, les options de prêt sur salaire y sont limitées.
Cette décision découle des consultations annoncées dans le budget de 2021, qui ne traitaient pas directement des prêts sur salaire. La source a déclaré que le budget de mardi proposera des consultations sur la réduction des exemptions au taux d’intérêt criminel en ce qui concerne les prêts sur salaire.
En sévissant contre les prêts prédateurs, on s’attend à ce que les libéraux présentent ce budget comme une offre d’aide aux Canadiens vulnérables aux prises avec le coût de la vie, tout en équilibrant la nécessité – comme l’a fortement souligné Freeland dans ses discours prébudgétaires – de montrer restriction budgétaire.
Un autre offrira plus de détails sur le plan de soins dentaires, la source du gouvernement fédéral confirmant que le budget de mardi comprendra un investissement « significatif » sur ce front.
L’année dernière, les libéraux se sont engagés à offrir une certaine forme de couverture fédérale des soins dentaires aux Canadiens à faible revenu dans leur accord de confiance et d’approvisionnement avec les néo-démocrates.
L’accord signifie que le NPD a accepté de soutenir le gouvernement libéral minoritaire par le biais de votes clés jusqu’en 2025 – y compris sur les budgets fédéraux – en échange d’un mouvement sur des priorités communes.
Les libéraux n’ont pas été en mesure de mettre en place un programme fédéral de soins dentaires à temps pour la première échéance, mais ont instauré une prestation provisoire l’automne dernier pour les enfants de moins de 12 ans dans les ménages à faible revenu.
L’accord de confiance et d’approvisionnement stipule que les soins dentaires doivent être étendus aux personnes de moins de 18 ans, aux personnes âgées ou aux personnes handicapées dans les ménages à faible revenu d’ici la fin de cette année – et le chef du NPD, Jagmeet Singh, a déclaré qu’il s’attend à ce que l’argent dans le budget.
L’accord engage également les libéraux à adopter une loi sur un programme national d’assurance-médicaments d’ici la fin de 2023 – bien qu’il n’y ait pas encore eu de signe de mouvement à ce sujet.
Les Canadiens à faible revenu peuvent s’attendre à un autre avantage en espèces pour les aider à payer leurs factures, tandis que les entreprises qui cherchent à extraire des minéraux essentiels, à fabriquer des batteries et des véhicules électriques ou à produire de l’électricité propre verront une foule de mesures pour inciter les investissements dans leurs projets.
Le budget prolongera également l’augmentation temporaire du remboursement de la TPS pour les Canadiens à faible revenu, mais encadrera le paiement comme une aide pour faire face à la hausse du coût des produits d’épicerie.
Il offrirait jusqu’à 234 $ pour une personne seule sans enfant, 467 $ pour un couple avec deux enfants et 225 $ pour une personne âgée, soit les mêmes montants que le gouvernement a offerts avec le doublement temporaire du remboursement de la TPS l’automne dernier.
Le budget devrait également augmenter la limite de retrait d’un régime enregistré d’épargne-études de 5 000 $ à 8 000 $.
Comme La Presse canadienne l’a rapporté pour la première fois la semaine dernière, le budget décrira également le plan du gouvernement fédéral de travailler avec les organismes de réglementation pour s’attaquer aux surtaxes cachées ou imprévues ajoutées aux prix des biens et services.
On s’attend également à ce que les libéraux fassent des investissements importants dans l’énergie et la technologie propres.
L’Énoncé économique de l’automne de novembre a amorcé la tentative du Canada de réagir à la Loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis. Cette politique, poussée par le président Joe Biden, injecte plus de 370 milliards de dollars américains dans les politiques sur les technologies propres et le changement climatique, y compris des subventions importantes pour les entreprises qui fabriquent des énergies renouvelables et des systèmes de capture et de stockage du carbone.
En novembre, Freeland a promis des crédits d’impôt à l’investissement pour la production d’hydrogène et certaines technologies propres, telles que l’électricité renouvelable comme l’énergie solaire et éolienne, les pompes à chaleur et les véhicules électriques industriels.
Plusieurs sources, qui ont obtenu l’anonymat parce qu’elles n’étaient pas autorisées à s’exprimer publiquement sur le budget, ont indiqué qu’il y aura de nouveaux crédits d’impôt pour l’économie verte. L’une de ces sources a décrit les crédits d’impôt comme « importants ».
Ils visent à stimuler les investissements dans l’industrie minière essentielle et tout au long de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques. Cela comprendrait, par exemple, les composants et l’assemblage de la batterie.
Au cours de ses discours prébudgétaires, Freeland a insisté sur le fait que le budget fera preuve de rigueur budgétaire et a averti que le gouvernement ne serait pas en mesure de compenser chaque Canadien pour la hausse des prix.
Elle doit équilibrer toutes les demandes de dépenses avec le risque que l’économie ne se détériore cette année. Des taux d’intérêt élevés pourraient entraîner le Canada dans une récession, ce qui affecterait les recettes fiscales sur lesquelles le gouvernement compte pour financer ses dépenses.
Et comme l’inflation est une préoccupation majeure pour la Banque du Canada, le gouvernement fédéral fait face à des pressions pour ne pas l’alimenter davantage avec des dépenses élevées.
Freeland devrait déposer le budget à la Chambre des communes à 16 h HAE et faire des remarques sur le document.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 28 mars 2023.