Attentats de Paris : Un avocat remet en question la lourdeur de la peine infligée à l’agresseur survivant.
L’avocat du seul assaillant survivant du massacre terroriste de novembre 2015 à Paris a critiqué la condamnation pour meurtre de son client et sa peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, affirmant jeudi que le verdict « soulève de sérieuses questions. »
Olivia Ronen n’a pas dit si Salah Abdeslam allait faire appel du verdict et de la peine. Il a 10 jours pour le faire.
Abdeslam a été reconnu coupable mercredi d’assassinat et de tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, entre autres chefs d’accusation, pour sa participation aux attaques de l’État islamique contre le théâtre Bataclan, les cafés de Paris et le stade national français, qui ont fait 130 morts.
Ronen a soutenu tout au long du procès marathon d’Abdeslam et de 19 autres hommes que son client n’avait pas fait détoner sa veste remplie d’explosifs et n’avait tué personne la nuit des attaques les plus meurtrières de l’histoire française en temps de paix.
Néanmoins, Abdeslam, un Belge de 32 ans, a été condamné à la peine la plus sévère possible en France pour meurtre et cela « soulève de sérieuses questions », a déclaré Ronen dans une interview à la station de radio publique France Inter.
Lors de son témoignage au procès, Abdeslam a déclaré à un tribunal spécial pour le terrorisme à Paris qu’il était un ajout de dernière minute à l’escouade d’attaque de neuf membres qui s’est répandue dans la capitale française le 13 novembre 2015 pour lancer les attaques coordonnées sur de multiples sites.
Abdeslam a déclaré être entré dans un bar avec des explosifs attachés à son corps, mais avoir changé d’avis et désactivé le détonateur. Il a dit qu’il ne pouvait pas tuer des gens « en chantant et en dansant ».
Le tribunal a toutefois conclu que le gilet d’explosifs d’Abdeslam avait mal fonctionné, rejetant ainsi son affirmation selon laquelle il avait décidé de ne pas poursuivre sa partie de l’attaque en raison d’un changement d’avis.
Les huit autres attaquants, dont le frère d’Abdeslam, se sont fait exploser ou ont été tués par la police. Abdeslam a conduit trois d’entre eux sur les lieux des attaques cette nuit-là.
Le pire carnage a eu lieu au Bataclan. Trois hommes armés ont fait irruption dans la salle, tirant sans discrimination. Quatre-vingt-dix personnes sont mortes en quelques minutes. Des centaines de personnes ont été prises en otage – certaines gravement blessées – pendant des heures avant que François Hollande, alors président de la République, n’ordonne l’assaut du théâtre.
Abdeslam n’était à aucun moment près du Bataclan cette nuit-là, a déclaré l’avocat de la défense Ronen, suggérant qu’il ne méritait donc pas la peine la plus sévère possible en France pour meurtre.
« Nous avons condamné une personne dont nous savons qu’elle n’était pas au Bataclan comme si elle y était », a déclaré Ronen. « Cela soulève de sérieuses questions ».
Le procureur général de la cour spéciale du terrorisme Jean-François Ricard a déclaré que le procès des 20 extrémistes, les verdicts et les peines de la cour, y compris la plus sévère pour Abdeslam, étaient un « triomphe pour l’État de droit » en France.
« Abdeslam a déposé trois bombes humaines et a tué par procuration », a déclaré Ricard jeudi dans une interview avec un autre diffuseur public, France Info. « Sa sanction est juste ».
La peine de perpétuité sans libération conditionnelle n’avait été prononcée auparavant que quatre fois en France, pour des crimes liés à des viols et des meurtres de mineurs.
La cour spéciale du terrorisme a également condamné 19 autres hommes impliqués dans les attaques. Dix-huit d’entre eux ont été condamnés pour diverses infractions liées au terrorisme, et un autre a été condamné pour un délit mineur de fraude. Certains ont été condamnés à la prison à vie, d’autres ont été libérés après avoir été condamnés à la prison à temps.
Abdeslam a présenté ses excuses aux victimes lors de sa dernière comparution devant le tribunal lundi, affirmant que le fait d’écouter leurs récits de « tant de souffrance » l’a changé.
Georges Salines, qui a perdu sa fille Lola au Bataclan, a estimé que les remords d’Abdeslam n’étaient pas sincères. « Je ne pense pas qu’il soit possible de lui pardonner », a-t-il dit.
Mais pour Salines, la vie sans libération conditionnelle va trop loin.
« Je n’aime pas l’idée de décider à l’avance qu’il n’y a aucun espoir », a-t-il dit. « Je pense qu’il est important de garder l’espoir pour tout homme ».
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Le reportage de Surk a été réalisé à Nice, en France. Les rédacteurs d’Associated Press Alex Turnbull, Oleg Cetinic et Masha Macpherson à Paris ont contribué à ce reportage.