Approbation du projet pétrolier de Bay du Nord à T.-N.-L.
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a approuvé un nouveau projet pétrolier controversé au large des côtes de Terre-Neuve, avec ce qu’Ottawa appelle les règles d’émissions les plus strictes jamais imposées.
Sa décision, publiée mercredi par l’Agence canadienne d’évaluation des incidences environnementales, indique que le projet Bay du Nord d’Equinor peut être réalisé à condition que les émissions de gaz à effet de serre soient nulles d’ici 2050. Cela signifie que l’entreprise devra compenser ou capturer toute émission produite par le projet d’ici 2050. Selon l’annonce, c’est la première fois que le gouvernement fédéral impose une telle condition à un projet énergétique.
« Le projet de développement de Bay du Nord, dont l’intensité des émissions est cinq fois moins élevée que celle du projet pétrolier et gazier canadien moyen et dix fois moins élevée que celle du projet moyen d’exploitation des sables bitumineux, est un exemple de la façon dont le Canada peut tracer la voie à suivre pour produire de l’énergie à l’intensité d’émissions la plus faible possible tout en envisageant un avenir net zéro », indique le communiqué.
Bay du Nord devrait produire environ 300 millions de barils de pétrole au cours de sa durée de vie, bien que les initiés de l’industrie à Terre-Neuve-et-Labrador disent que ce chiffre pourrait être plus proche de 800 millions de barils. Equinor a déclaré que Bay du Nord commencerait probablement à pomper dans la seconde moitié de la décennie, avec une production maximale d’environ 200 000 barils par jour.
« Equinor se réjouit du fort soutien que le projet Bay du Nord a reçu de la part des parties prenantes de la province et du Canada », a déclaré Alex Collins, porte-parole de la société, dans un communiqué envoyé par courriel après la publication de la décision. Elle a ajouté que le projet « a le potentiel de produire le pétrole le moins carboné du pays ». Equinor a déclaré que le projet apporterait des revenus totaux d’environ 3,5 milliards de dollars au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, à court d’argent.
Le premier ministre Andrew Furey était rayonnant lors d’une conférence de presse en soirée, affirmant que le projet sera un moteur économique pour sa province. Il a déclaré que les émissions de gaz à effet de serre du projet seront parmi les plus faibles au monde pour un projet pétrolier et qu’il contribuera à répondre à la demande mondiale de « pétrole éthique à faible teneur en carbone. »
Dans sa décision, M. Guilbeault affirme que le projet « n’est pas susceptible d’entraîner des effets environnementaux négatifs importants », tels que définis dans la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Mais les climatologues et les environnementalistes se sont opposés au projet, affirmant qu’il compromettrait les objectifs du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
« (La) décision représente un triomphe du type de politique qui ne fera qu’aggraver la crise climatique et la dépendance mondiale aux combustibles fossiles qui détruisent la planète », a déclaré Keith Stewart, stratège principal en matière d’énergie à Greenpeace Canada, dans une déclaration envoyée par courriel. « Cette décision n’est pas seulement un échec climatique, c’est un échec à imaginer et à investir dans un avenir énergétique durable pour la région de l’Atlantique. »
Caroline Brouillette, responsable de la politique nationale au Réseau Action Climat Canada, a déclaré que les progrès réalisés sur le climat au cours des dernières années sont sapés par cette approbation.
« Franchement, je pense que c’est déchirant », a-t-elle déclaré.
Selon Mme Brouillette, cette décision intervient deux jours à peine après la publication d’un rapport des Nations Unies sur le climat qui indique clairement qu’il n’y a pas de place pour une production accrue de pétrole et de gaz si le monde veut éviter le pire de la crise climatique. « Il est tellement évident que cela n’est pas compatible avec la sécurité climatique », a-t-elle déclaré.
Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 6 avril 2022.
— Avec des fichiers de Mia Rabson à Ottawa