Affaire de corruption dans l’UE : La justice italienne se penche sur la question du transfert de responsabilités
Les procureurs belges soupçonnent l’épouse et la fille d’un ancien législateur européen d’avoir participé à un plan de trafic d’influence pour le compte du Qatar et du Maroc.
L’ancien législateur européen Pier Antonio Panzeri et trois autres personnes ont été inculpés le 9 décembre pour corruption, participation à un groupe criminel et blanchiment d’argent. Les procureurs belges enquêtent pour savoir s’ils « ont reçu d’importantes sommes d’argent ou des cadeaux substantiels pour influencer les décisions du Parlement ».
Les allégations selon lesquelles de l’argent et des cadeaux ont été échangés contre une influence politique sont au cœur de l’un des plus grands scandales à frapper le Parlement européen. La semaine dernière, les législateurs ont suspendu les travaux sur les dossiers liés au Qatar et ont promis de renforcer les lois sur le lobbying. Le Qatar nie avec véhémence son implication.
Selon deux mandats d’arrêt européens émis par le juge belge Michel Claise et vus lundi par l’Associated Press, Panzeri est « soupçonné d’être intervenu politiquement auprès de membres travaillant au Parlement européen au profit du Qatar et du Maroc, contre paiement ».
L’épouse de Panzeri, Maria Dolores Colleoni, et leur fille, Silvia Panzeri, sont soupçonnées d’être « parfaitement au courant » de ses activités et d’avoir aidé à transporter des « cadeaux » de l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun.
Les procureurs ont déclaré que les écoutes téléphoniques ont permis de découvrir les preuves de crimes éventuels. Ils demandent le transfert de Colleoni et de sa fille en Belgique pour répondre aux mêmes accusations que les autres, qui pourraient être condamnés à cinq ans de prison s’ils sont reconnus coupables, selon les mandats.
Outre Panzeri, qui dirige le groupe de campagne Fight Impunity, les quatre personnes déjà inculpées sont une ancienne vice-présidente du Parlement européen et son compagnon italien.
Une audience était en cours à Brescia, en Italie, pour déterminer s’il fallait remettre Colleoni, tandis que le cas de sa fille devait être entendu séparément mardi. Ils sont tous deux assignés à résidence près de Brescia, mais Colleoni était au tribunal lundi. Panzeri lui-même est détenu en Belgique.
L’avocat de Colleoni, Angelo de Riso, a déclaré que sa remise aux autorités belges constituerait une violation des droits de l’homme car un tribunal italien a déjà accordé l’assignation à résidence et un transfert vers la Belgique la placerait en prison en attendant les accusations et le procès.
L’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, reste en détention en Belgique dans l’attente d’une audience jeudi. Les législateurs européens ont mis fin à son mandat la semaine dernière. Son compagnon, Francesco Giorgi, un conseiller parlementaire, est également en prison.
Niccolo Figa-Talamanca, secrétaire général de l’organisation non gouvernementale No Peace Without Justice, a également été inculpé. Il a été libéré de prison mais reste sous surveillance et doit porter un bracelet électronique.
Par ailleurs, lundi, l’ancien chef de la commission parlementaire italienne sur le renseignement a déclaré aux journalistes qu’un rapport sur le Qatar avait été préparé et approuvé à l’unanimité en août. Le rapport a été classifié et scellé, selon Adolfo Urso, maintenant ministre dans le gouvernement du Premier ministre Giorgia Meloni. Le rapport inclut également la Chine et la Russie.
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Cook a fait un reportage à Bruxelles.