À l’occasion de la Fête nationale, les Québécois parlent de souveraineté
La Fleur de lys bleue et blanche flotte sur le Québec alors que la province célèbre la Fête nationale, marquée par des fêtes de quartier, de grands concerts et des feux d’artifice. [C’est une démonstration de la fierté et du nationalisme québécois qui intervient alors que le débat sur la séparation de facto de la province du Canada est déjà en cours.
Au cours des dernières semaines, l’opposition libérale à l’Assemblée nationale du Québec a accusé le premier ministre François Legault de promouvoir la souveraineté et de mettre en œuvre son programme pas si secret de faire de la province un pays.
M. Legault est un ancien membre du Parti Québécois, un parti qui prône la séparation. Mais en tant que chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), il a promis de ne jamais organiser de référendum et de laisser derrière lui les vieilles divisions séparatistes-fédéralistes.
Mais les opposants ont sauté sur l’annonce que le parti a recruté Bernard Drainville, un séparatiste très en vue qui a également servi au sein du Parti québécois, pour se présenter comme candidat de la CAQ aux élections provinciales d’octobre.
Les libéraux disent que c’est un signe que Legault est prêt à intensifier la promotion de la souveraineté. Mais dans une interview, M. Drainville a nié que le fait de rejoindre les rangs de la CAQ poursuit sa marche vers un référendum, affirmant que l’option de la souveraineté n’a tout simplement pas les chiffres en main.
« Les Québécois ont dépassé ce débat. Cela fait 50 ans que nous débattons de la souveraineté et du fédéralisme », a-t-il déclaré à actualitescanada Montréal. « 50 ans ».
Les sondages montrent qu’une majorité de Québécois voteraient contre la souveraineté si on leur en donnait la chance. Ces chiffres sont relativement stables depuis plus d’une décennie. Cependant, l’analyste Philippe Fournier affirme que les données des sondages révèlent des nouvelles encore plus sombres pour les séparatistes au sujet de leurs partisans. https://lactualite.com/politique/souverainete-les-electeurs-de-la-caq-et-de-qs-sont-divises/
« Nous voyons qu’entre 60 et 65 pour cent des Québécois voteraient non, y compris une majorité de francophones, ce qui est crucial », a-t-il déclaré.
Fournier a également déclaré que la jeune génération est moins susceptible de signer.
« C’est un changement massif. En 1980, la majorité des jeunes électeurs étaient beaucoup plus souverainistes que le reste de la population », a-t-il dit.
Mais André Pratte, ancien sénateur et journaliste, soutient qu’un processus de séparation est déjà en cours. Il affirme qu’avec le temps, le Québec a eu de moins en moins de liens avec le reste du Canada.
« Je pense qu’il est important que le Québec continue à travailler avec les autres régions du pays pour résoudre les problèmes de portée nationale », a déclaré Pratte. « Si c’est le contraire, alors nous n’avons plus de pays. Alors ce n’est pas du séparatisme, pas de l’indépendance dans le sens où nous avons cette énorme fête le soir du référendum, mais c’est une séparation de facto. »
Il ajoute que le Québec devient déjà « de plus en plus souverain dans tous les domaines et toutes les juridictions. »
Pratte souligne la tentative de la CAQ de relancer un débat sur la question de savoir si la province devrait avoir plus de pouvoirs sur l’immigration. Il fait également référence à l’utilisation par le Québec de la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés. La province a protégé le projet de loi 96, une loi linguistique remaniée, et le projet de loi 21, la loi interdisant les signes religieux pour certaines personnes en position d’autorité, contre les contestations de la Charte en utilisant cette clause.
« Je pense qu’il y a manifestement un mur qui se construit entre le Canada et le Québec, et les projets de loi 96 et 21 en font partie. Le fait que la majorité des Québécois soient prêts à mettre de côté les droits fondamentaux et à s’en moquer est significatif », a déclaré M. Pratte.
Selon M. Fournier, les derniers gestes de la CAQ s’inscrivent également dans une tradition de longue date qui voit les partis se présenter de plus en plus comme les défenseurs des intérêts du Québec à l’approche d’une élection. Il dit que cela inclut souvent l’intensification des luttes contre le gouvernement fédéral.
« Vous voulez être le capitaine du Québec », a-t-il dit.
M. Legault affirme que la CAQ n’est pas un parti souverainiste, mais un parti nationaliste. Lorsqu’on lui a demandé de définir ce que cela signifie, il a expliqué que le rôle du parti est de promouvoir et de protéger la langue française, ainsi que les valeurs québécoises.
Si les sondages sont exacts, il semble qu’une grande majorité de Québécois soient prêts à se ranger de son côté.